A propos… du projet « Folk Songs »

par Stéphane Moucha

Projet au long cours s’étirant sur plus de deux ans, « Folk Songs » trouve son origine dans la demande formulée par la production de la série « Les Petits Meurtres d’Agatha Christie » d’un ensemble de chansons typées années ’70, qui viendraient « colorer » la bande-son de la nouvelle formule de ce programme (saison 3), alors en écriture.

Au départ il n’est question que de quelques titres, dans un esprit plutôt « rock » ou encore « folk ». Si les références musicales sont assez floues, l’époque est en revanche très précise : la nouvelle saison des « Petits Meurtres » se déroulera au tout début des années ’70 (le mot d’ordre est de ne surtout pas dépasser l’année 1973!). Je commence alors à éplucher les hits-parades et découvre qu’en fait de hits, nombre de ceux qui rythment les charts U.S portent la marque de groupes quasi-inconnus en France, ou encore qu’ici les succès qui passent en boucle à la radio sont -à quelques exceptions près- l’oeuvre d’artistes exclusivement hexagonaux (ce qui soit dit en passant nous pose problème car le réalisateur et les producteurs s’accordent sur le fait que ne se mélangeront facilement aux dialogues des films que des chansons au texte en anglais…)

  Je décide de me replonger dans les classiques de cette époque charnière de la fin des années soixante et du début des années ’70 et exhume tout ce que cette période compte d’albums mythiques. Qu’ils soient français, anglais ou encore américains, je redécouvre des opus empreints de liberté créatrice, d’innovation sonore et pour le dire simplement, de grande qualité musicale. Moi qui espérais, avant de me mettre à composer, pouvoir dégager les contours d’un langage commun, j’en suis pour mes frais : la variété de ces musiques est telle qu’il est impossible de les résumer en un schéma univoque. Pensez-donc : Polnareff et Gainsbourg, mais encore les Rolling Stones, Led Zeppelin, Deep Purple, Pink Floyd ou encore Carlos Santana, Ten Years After, les Eagles, Joni Mitchell, Steely Dan, Simon and Garfunkel, Joan Baez et puis Stevie Wonder, Quincy Jones, Billy Withers, Nile Rodgers et Chic…

  Des semaines durant je m’immerge dans ce maelström de cris et de riffs et j’acquiers la certitude qu’il me faudra, pour espérer apprivoiser ce langage, apprendre à composer à la guitare. Je ne suis pas guitariste mais qu’à cela ne tienne, je cours m’en acheter une, puis deux, puis une troisième au magasin le plus proche, qui me délivre une carte de fidélité. Jour après jour j’use la peau de mes doigts jusqu’au sang et peu à peu elle se couvre de corne. Le rock commence peut-être à entrer en moi…

Au bout de quelque mois je réalise mes premières maquettes, mélange mes guitares, empile les prises acoustiques, électriques… puis je pars en studio finaliser les titres, entouré d’interprètes et de musiciens de premier ordre. D’abord à Prague, en République tchèque, où j’enregistre avec deux chanteurs anglais qui y mènent une carrière depuis de nombreuses années, James Harries et Jamie Marshall, puis avec le chanteur américain Ian Kelosky. Se joignent à nous Josef Stepanek et Cyrille Oswald, respectivement guitariste et saxophoniste, habitués de tout ce que la ville aux cent clochers compte de studios d’enregistrement et de clubs de jazz.

  De retour à Paris, avec l’aide de mon ami et ancien camarade de promo du CNSM Stéphane Gaubert, je recrute de nouveaux talents… et non des moindres! A la basse se succèdent Arnaud François, Gilles Polvé et Hadrien Féraud, à la batterie Romain Joutard, Matthieu Rabaté et Marc Jacquemin, aux claviers Cyril Barbessol et Benjamin Constant, aux guitares Fabien Mornet, Bertrand Commère, Eric Sauviat et Sébastien Chouard, aux percussions Nicolas Montazaud. Tous ces musiciens m’accompagneront durant des mois dans ce qui devient un projet d’une autre envergure. De dix chansons écrites en guise de stock pour les premiers épisodes, je passe à vingt, puis trente, et bientôt cinquante titres que j’enregistre, arrange et produis assidûment, ne m’interrompant que pour composer de la musique de film, dont les scores des nouveaux épisodes de la saison 3 des « Petits Meurtres… ». Mon idée se transforme : je souhaite à présent constituer une “discothèque” que réalisateurs et producteurs pourraient consulter lorsqu’ils sont à la recherche d’un titre seventies, peu importe le genre et la langue. Au gré des rencontres je fais travailler des interprètes qui m’inspirent des chansons dans de nouveaux styles. Andy Chase (pop et rock), Xavier Druot (rock), Bobbie (folk), Stefan Filey (soul), Sébastien Demeaux (funk), Kevon (gospel et soul) et Amalya (pop, rock et soul) viendront ainsi, avec infiniment de feeling et malgré les difficultés dues aux confinements successifs, coucher leurs voix sur les playbacks musicaux tout au long de ces singulières années 2020 et 2021.

  Je dois aussi citer ici les auteurs qui m’ont fait l’amitié de co-signer (parfois de signer intégralement) les textes de ces chansons : André Teitscheid, Pascale Mason, Marie Herbaut et le légendaire Boris Bergman, ainsi que les ingénieurs du son qui se sont succédés pour les mixages : Manu Guiot, Lionel Capouillez, Yves Jaget, Sébastien Gohier et Didier Théry, sans oublier le mastering de Mike Marsh, qui officia pour moi -restrictions de circulation obligeant- depuis son The Exchange Mike Marsh Mastering Studio, dans le Devon.

Last but not least, je dois également remercier l’action culturelle de la SACEM, avec l’aide de laquelle Les Editions du Sobriquet ont pu compiler et produire ces quatre albums aux 48 titres en deux doubles-CD au format digipack, disponibles sur demande.

Le projet “Folk Songs” a bénéficié du soutien de l’action culturelle de la SACEM